50 ans que cette expédition était programmée mais il a fallu s’armer de patience et attendre 2025 pour que toutes les planètes soient alignées en vue de sa réalisation : motivation, matériel, préparation, progrès en technique classique, temps libre, etc…
Mais tant qu’à faire, autant en profiter pour effectuer quelques détours autant touristiques que sportifs : pourquoi pas ajouter au programme le fameux marathon de Tartu (Estonie) et ses 63 km en style classique à titre d’entraînement ?
Le train permet aisément aux possesseurs de la carte Interrail de réaliser cette petite aventure : 4000 km outre la traversée de la mer Baltique en bateau, 17 franchissements de frontières, 11 pays étrangers visités, en une heure ou en neuf jours. Pour cela il faut être soit un voyageur intrépide, soit un écologiste radical, soit tout simplement un amoureux du chemin de fer. A vous de cocher la bonne case !
Mais revenons au ski. Confronté au même problème d’enneigement que la Transjurassienne, le marathon de Tartu a revu ses ambitions à la baisse : au lieu d’une traversée de 63 km la course a été délocalisée à l’autre bout du pays, à Alutaguse, hameau minuscule introuvable sur les cartes, le seul endroit skiable du pays malgré la proximité de la mer Baltique, quasiment sur la route de Saint-Pétersbourg, à portée de canon de l’armée russe… en « montagne », c’est-à-dire à 60 mètres d’altitude !!! Et comme dans le Jura, deux modestes boucles de 20 km, soit même pas un marathon, sur un étroit chemin sous-dimensionné par rapport aux milliers de participants, itinéraire à prendre ou à laisser.
Guère plus de neige en Suède ; il est vrai que Mora se trouve en haute montagne, à 170 m d’altitude ! Mais l’organisation très professionnelle – de même que les tarifs – a pourvu à tout et a stocké de la neige en quantité suffisante pour alimenter les 90 km du parcours. Pour se mettre en jambe, rien ne vaut la participation à la demi-Vasa du mardi, sur les 45 km derniers kilomètres du parcours historique. Course agréable et presque reposante sans la foule avec au moins quatre traces parallèles bien entretenues, où l’on retrouve presque par hasard bon nombre de copains de Boris, connu ici comme le loup blanc.
Évidemment, l’enjeu principal reste la course du dimanche, LA Vasaloppet tout court, autant que ce qualificatif convienne à cette épreuve de 90 km qu’on ne peut jamais envisager sans une vague appréhension : « Pourrai-je la terminer ?». Il faut dire que la course présente des caractéristiques particulières. Déjà bien sûr de par sa très très grande longueur, la plus longue au monde dit-on, mais ça se discute… Aussi par sa renommée mondiale avec des copies en Chine et dans le Minnesota, qui font accourir des milliers de fondeurs de tous les continents et pas seulement l’élite de la Worldloppet, mais aussi des Suédois moyens, moyennement entraînés, passablement effarouchés par les descentes pourtant modestes. Bien sûr le départ groupé de 15 000 concurrents sur une piste de 100 m de large qui bientôt se limite à 15 m, en côte de surcroît. Vous imaginez donc la bousculade dès le départ et l’attente qui parfois dépasse l’heure pour attendre enfin le plateau après trois kilomètres de piétinement en montée. Finalement on adopte par précaution un rythme plutôt tranquille, surtout en côte, dans l’espoir de ne jamais s’épuiser, attitude qui permet à un concurrent ordinaire mais bien préparé de terminer sans encombre cette interminable promenade.
Et puis notons des anecdotes curieuses : un tandem à ski avec deux fixations par ski nécessitant une parfaite coordination des participants ; la vitesse prodigieuse d’un concurrent atteint de nanisme, doublant tout le monde en côte à la force des bras en suscitant l’admiration générale. Et puis ces engins de damage fonçant sur les concurrents à grande vitesse et à contresens, non pour les écraser mais afin de leur fournir des traces refaites à neuf pendant quelques kilomètres. Sans parler de la célèbre « blåbärssoppa » (prononcer blôôbère soupa), la célèbre soupe aux myrtilles au goût plutôt agréable, potion magique servie à profusion aux ravitaillements qui permet à coup sûr à chacun de franchir en vainqueur la ligne d’arrivée.
Philippe