Claire au pays des Vikings

C’est en Scandinavie, et plus précisément en Finlande d’abord, puis en Suède, que s’est rendue Claire du 22 février au 4 mars 2024. Et pas pour faire du tourisme, non, mais pour prendre part à la Finlandia Hiihto le premier week-end, puis à plusieurs courses de la célèbre Vasaloppet la semaine suivante.
Elle nous raconte ici son aventure souvent humide:

DE LA FINLANDIA HIIHTO A LA VASALOPPET
Je rêvais de poudreuse et de froid, chez nous l’hiver était si maigre ! Cela tombait bien, je partais en
Scandinavie pour un programme gourmand de courses… A moi le blanc immaculé des grands
espaces !

Hélas mes petits écoliers avaient encore besoin de moi quand la froidure et la belle poudre me
riaient au nez, là haut, à Lahti ou Mora. Lorsque je suis partie, le 23 février, la neige était bien au
rendez-vous… mais de froid que néni ! Il eut fallu partir une semaine plus tôt mais les courses
prévues avaient choisi les jours de pluie !
Il en fallait cependant bien davantage pour entamer ma volonté de petite fondeuse avide de grandes
distances à ski.
23 février : départ pour Lahti où je retrouve 3 amis. Chacun a son programme.
Le mien : Finlandia Hiihto 62 km en classique le samedi et 22 km skate le dimanche
Nous étions tous les quatre logés au Kaupahotelli, hôtel idéalement situé à 800 mètres du départ
des courses et en plein centre ville à prix tout à fait abordable avec un petit déjeuner
pantagruellique qui tient le ventre jusqu’au soir. On peut s’y rendre à pied depuis la gare… c’était
parfait puisque nous étions venus en train depuis Helsinki.
Samedi 24 février : départ de la Finlandia classique sous un temps maussade. La piste est gorgée
d’eau car il a plu la nuit, mais ça glisse et j’ai trouvé le bon fartage d’accroche.


Quatre lignes de départ qui partent toutes les 10 mn sur le stade de Lahti au pied des tremplins de
saut et au son du piano, c’est beau et émouvant. La course est magnifique ! Une vraie course de
classique : belles côtes, descentes et plats en alternance. Tout au bout de la boucle, des lacs et
beaucoup d’eau sur la piste, je n’ai pas pris mes palmes mais j’aurais presque pu.


Le parcours est technique, la course difficile surtout que juste avant la fin on nous fait regrimper un
bon raidillon… Ouf, je suis arrivée juste avant la pluie annoncée !
Les vestiaires confidentiels au pied du stade sont géniaux : chauffés, douches, tranquilles. Peu de
gens connaissent l’astuce et vont se changer à la salle officielle de la course…
L’organisation est parfaite, des lots pour tous, un accueil chaleureux et un bon repas inclus dans le
prix de la course.
Le lendemain, les 22 km skate ont été durs, surtout au démarrage ! Les 62 km de la veille me
martelaient encore les pattes. Coureuse de longues distances, je commençais à me sentir bien 3 km
avant l’arrivée, dommage! La piste glissait moins que la veille, le temps était toujours pluvieux
mais pareil que pour le samedi, j’échappais à la pluie qui arriva après moi sur la ligne…ouf !
Trois jours à Lahti et c’était fini : beau et court séjour. Nous avons enchaîné course, douche, repas
récupération bagages à l’hôtel, train jusqu’à Helsinki, avion jusqu’à Stockholm, voiture jusqu’à
Rättvick…Ouf, une heure du matin, il était temps d’aller au lit !
L’auberge de jeunesse à Rättvick est chouette, je la connais bien pour y avoir déjà logée lors des
deux Vasa précédentes. Ici nous nous retrouverons à 13, mais sans Judas. Une bonne équipe
conviviale dont chaque élément complète l’autre. Parmi les 13, un que tout le monde connaît pour
ses médailles olympiques en ski alpin : Franck Piccard, sympathique champion.

La semaine Vasa, c’est tout un programme !

Entre la Vasa 30 le vendredi 8 jours avant la Vasa, le 30 km exclusivement féminin du samedi 7
jours avant la Vasa (près de 8000 femmes qui courent exclusivement entre elles), l’Öppet spar du
lundi (vasa sans classement), la demi vasa du mardi (qui permet d’obtenir une meilleure ligne de
départ sur la Vasa du dimanche) le relais en 5 tronçons du jeudi pour la distance totale de la Vasa, la
Nattvasan sur 30, 45 ou 90 km de nuit le vendredi soir et la Vasa du dimanche… le choix est large !
Pour ma part, je me suis montrée gourmande, l’appétit vient en mangeant dit-on ! J’ai donc couru la
vasa 45 en classique le mardi, la Nattvasan 45 le vendredi soir en skate et la Vasa du dimanche 90
classique.


Hélas les conditions météo étaient toujours du côté des vendeurs de parapluies ! Hormis le mardi
qui nous offrit de belles conditions avec une trace glissante, bien ferme et un petit moins 8 au départ
sous un beau ciel bleu, la course de nuit et la Vasa ont montré leur dur visage pour cette 100ème
édition.
Les 45 km skate de nuit que j’ai courus avec mon ami Laurent avaient été pensés comme une
formalité vite bouclée avant la Vasa. Or, dans une neige trempée et derrière ceux qui faisaient le 30
km la piste était labourée ! Ce 45 km s’est révélé extrêmement difficile dans une nuit brumeuse et
pluvieuse (digne d’un mois de janvier à Roscoff par vent d’ouest!) et l’on ne savait plus si la piste
montait ou descendait tant le brouillard était épais. La neige brassait jusqu’aux chevilles et c’est
épuisée que j’ai franchi la ligne quelques minutes avant minuit, encouragée par mon binôme.


Malgré la douceur du temps (il ne gelait même pas à minuit) je grelottait car j’étais trempée, et
surtout fatiguée. Nous avons vite récupéré nos sacs puis sauté dans la voiture pour rentrer au plus
vite à Rattvick. Un bol de soupe laissé par les copains qui ne couraient pas et hop ! Au lit…
La nuit fut courte et guère récupératrice car dormir tout de suite après une course n’est pas aisé !
La journée du samedi fut consacrée au repos et au rangement des sacs : il fallait préparer le retour
en France du lundi avec un lever aux aurores. Tout devait être prêt, au retour de la grande
course, mais l’énergie n’est guère là pour faire les bagages.
Dimanche matin, lever à 2h30, petit déjeuner et bus à 3h30 depuis l’auberge pour aller au départ de
la Vasa à Sälen.
Confiants, sûr d’attendre 2h avant le départ comme à notre habitude, tout le monde s’était assoupi
dans le bus qui nous menait sur la ligne. Mais à 10 km de l’arrivée, pris dans un bouchon, le car
s’arrêta. Pas d’inquiétude, nous avions une bonne avance… Soudain pourtant, les aiguilles se sont
mises à tourner de plus en plus vite et le car, s’il ne reculait pas, n’avançait pas non plus ! Dans le
bus, l’angoisse de chacun montait, tout le monde regardait son GPS pour savoir à combien de km
nous étions de la ligne de départ… nous commencions déjà à envisager d’y aller en courant comme
certains qui avaient sauté de leur voiture pour finir skis à la main… mais bon, courir 10 km avant
une course qui en fait 90… bref, nous avons été fainéants ! Avançant douloureusement mètre par
mètre, le car finit par arriver devant le stade où nous avons assisté, impuissants, au départ de la
course… départ qui était donné depuis 20 minutes ! Nous avons vu partir les dernières lignes
derrières les vitres ruisselantes de notre geôle : un cauchemar ! Et puis, enfin libérés, les 80
coureurs que nous étions ont rejoint la ligne quelques 30 minutes après le gong, les chaussures
pleine de la gadoue du parking qui avait été inondé par les pluies de la nuit. Quant à moi, il me
fallait encore finir mon fartage d’accroche, ce que je fis en 5 minutes, mélangeant mes deux farts
tellement chauffés contre moi, qu’ils dégoulinaient de partout. Bref, un fartage à l’arrache mais qui
s’avéra être bon sur les 90 km de la course…ouf, c’était au moins ça !
Dans un stade vide, je partis comme une touriste en goguette, rattrapant les derniers des 16 000 qui
étaient coincés par le bouchon de la montée.


La Vasa est partie depuis plus de 30mn … et beaucoup n’ont pas encore passé la ligne de départ!

Décidément la Vasa était comme une bouteille de champagne : le plus dur était de faire sauter le
bouchon ! Ensuite, malgré les conditions difficiles, l’îvresse venait à mesure qu’on déroulait les
kilomètres !
Partir dernier c’est dur dans cette course là car derrière 16 000 personnes on ne retrouve jamais les
gens de son niveau. La piste cette année était gorgée d’eau et les seules traces qui restaient étaient
celles faites par les passages successifs de ceux qui me devançaient. Patience donc patience ! Il me
fallu plus d’une heure pour atteindre le plateau à 3 km au dessus car je ne pouvais pas doubler dans
cette montée raide et compacte que la moitié des skieurs ne savait monter qu’en canard.

J’avançais de quelques mètres toutes les minutes, il fallait savoir se contenter de peu en ce début de course…
Sur le plateau enfin lancée, je me mis à doubler, doubler, doubler… et pourtant je ne skiais pas bien
vite. Là haut un vent humide nous accueillait en pleine face, et toujours pas de trace ! En route je
retrouvais quelques copains soit que je doublais, soit qui me doublaient. Chacun faisait sa course
avec à l’esprit : finir. Finir cette édition au départ raté, avec la pluie, le vent et le brouillard et les
skis qui partaient dans tous les sens dans une neige trafollée.
Jusqu’au 45ème km c’est toujours dur. C’est ma 4ème vasa et à chaque fois c’est pareil ! Passé la
moitié, on se sent presque arrivé, et pourtant…
A mi-course, je commençais enfin à trouver quelques personnes qui skiaient un peu mieux. Mais
malgré tout, je doublais toujours, et je doublerais jusqu’à la fin : Au total, j’aurais dépassé environ
1 000 femmes et 3 000 hommes… une maigre consolation mais tout de même on se dit que malgré
le temps annoncé par le chronomètre officiel, on n’est pas si nul !
C’est ainsi, les courses c’est comme la vie, pas toujours comme on voudrait, mais ce qui compte
c’est malgré tout d’y trouver du plaisir. Et c’est ce que je fis. Jusqu’au bout j’ai pris du plaisir à
skier, à essayer de m’appliquer pour me fatiguer moins, de mettre en application les conseils des
forts du groupe de copains pour la poussée simultanée…et puis ce dernier virage après les 2 bosses,
ce dernier km annoncé où jusqu’au bout on essaye encore d’en doubler un ou deux… et les copains,
au bout qui crient « Allez Claire » et qui m’attendent avec des bravos, m’attrapent mes skis, me
tendent une bière. Tout le monde à les traits tirés mais tout le monde est heureux. C’était dur, très
dur.. mais quand on annonce nos temps entre nous, tout le monde rigole : on n’a jamais été si
mauvais !

Au moins une fois dans la vie, la Vasa, il faut la faire. C’est une institution et même si le temps
semble mauvais, à la fin, on trouve toujours le soleil au fond de soi. Heja ! Heja Heja !
Retour à l’auberge à 10h du soir après avoir attendu les derniers copains, on est tous solidaires.
une soupe, une bière encore, une douche bien chaude… et hop sac bouclés. Demain lever à 4h pour
prendre l’avion du retour, snif !

Claire

Mes temps et classements sur les 5 courses

course temps Classement Classement Classement catégorie
scratch filles
Finlandia classique – 62 km 5h27 619 / 1206 50 / 175 3 f60 / 51
Finlandia skate – 22 km 1h54 63 / 152 15 / 62 1 f60 / 2
Demi vasa classique – 45km 3h13 620 / 2202 58 / 884 1 f60 / 65
Nattvasan skate – 45 km de nuit 3h55 152 / 359 37 / 138
Vasaloppet – classique – 90 km 10h29 9035 / 13 484 1023 / 2374 24 f60 / 68

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *